Article : FashionNetwork 13 avril 2022
Officiant dans la finition et la logistique pour une centaine de marques, Berry Services s'est lancé à l'occasion de la crise sanitaire sur le marché de la seconde main. Une activité qui pèse désormais entre 10 et 20% de l'activité, justifiant l'investissement de trois millions d'euros dans un nouvel espace dédié de 6.000 mètres carrés, venant s'ajouter aux 10.000 mètres carrés existants.
L'entreprise de Neuvy-Saint-Sépulchre (Indre) opère depuis 20 ans dans la mise en conformité, finition et conditionnement des articles de mode. Stockage, réparation, lavage de produits pour le compte d'une centaine de marques, allant de la grande distribution au luxe, permettent à la structure de 45 personnes de générer un chiffre d'affaires de trois millions d'euros. Y participe également une activité logistique liée à la vente en ligne, Berry Services réceptionnant et stockant les collections, envoyant les commandes, et pouvant personnaliser certaines pièces à la demande.
Avec l'année 2020, la structure a naturellement vu l'activité ralentir. Jean-Claude Beneteau décide alors de franchir le pas vers un domaine dans lequel il croit: la seconde main. "C'était le moment", explique le dirigeant de l'entreprise à FashionNetwork.com. "Sachant que nous avions déjà la capacité de le faire". Nettoyage, repassage, contrôle qualité, réparation, préparation de commandes… Berry Services se met à officier dans ce domaine en pleine accélération pour des marques moyen et haut de gamme. "La seule compétence que nous n'avions pas déjà, c'était les shooting photos", explique le responsable. "Donc on a investi, et on a appris".
L'entreprise travaille avec Faume, solution française en marque blanche pour les marques souhaitant se lancer dans la seconde main. Et, fort du succès rencontré, Berry Services s'est vite rendu à l'évidence: les 10.000 mètres carrés existants ne suffiront bientôt plus à l'ensemble des activités. Jean-Claude Beneteau décide de mettre lui-même trois millions d'euros sur la table pour un futur espace qui sera dédié à la seconde main. L'occasion pour la structure de moderniser une partie de son parc de machines dédié au lavage et au repassage. Le projet devrait sortir de terre pour le printemps 2023.
Une dizaine de recrutements en 2022
A terme, le dirigeant estime que l'activité seconde main pourrait peser la moitié de l'activité. "Mais il ne faudrait pas que cela aille au-delà", souligne le responsable, qui pointe que les activités historiques sont-elles-aussi en croissance, et qui ne souhaite pas voir la structure être dépendante d'une typologie d'activité. Pour l'année en cours, Berry Services entend mener à bien une dizaine de recrutements.
Au-delà de pure-players dédiés à la seconde main, comme Vinted, Vestiaire Collective ou VideDressing (LeBonCoin), ou des plateformes généralistes comme Amazon, Rakuten ou Facebook les marques et enseignes se sont massivement lancées sur le marché de la seconde main, remettant en vente des pièces reprises à leurs primo-acheteurs. En 2021, quelque 21% des Français se seraient, d'une façon ou d'une autre, essayés à la revente de vêtements, contre 11% trois ans plus tôt, selon une étude Yougov. Avant-crise sanitaire, l'Institut Français de la Mode estimait que le marché avait franchi le milliard d'euros de chiffre d'affaires. Selon le Boston Consulting Group, la seconde main d'habillement serait désormais un marché à 40 milliards de dollars au niveau international.
Matthieu Guinebault