Article : La Nouvelle République du 21 mai 1999
La société Berry Services, de Neuvy-Saint-Sépulcre, préfère une main-d’œuvre habile aux diplômes.
A la différence de ses collègues entrepreneurs, Jean-Claude Benéteau ne court pas après du personnel qualifié et bardé de diplômes. Sa société spécialisée dans l’assemblage de précision, le montage mécanique, et le conditionnement sous toutes ses formes, a essentiellement besoin d’une main-d’œuvre habile et motivée. Installé depuis quelques mois à Neuvy-Saint-Sépulcre, il trouve sur place le creuset nécessaire au développement du site : des femmes issues du domaine sinistré de la confection. Ces petites mains, constituent la pièce maîtresse d’un projet mûri l’an passé. Jean-Claude Benéteau se trouvait à l’époque à la croisée des chemins. Originaire de Vendée, il était arrivé dans l’Indre en 1989 avec un diplôme d’ingénieur mécanique en poche. Après avoir exercé sept ans chez Mead Europe, comme directeur de production, il s’impliquait dans la société Simade de Montierchaume, mais son désir de créer sa propre entreprise le poussait à voir plus loin. Il explique : « Je commençais à bien connaître le domaine du conditionnement et je sentais qu’on pouvait faire quelque chose. J’ai donc suivi un stage à la chambre de métiers avant de m‘installer à mon compte. »
Un contexte favorable
Cette expérience accompagnée d’une étude de marché montrait que le projet était viable. Jean-Claude Benéteau trouvait donc le bâtiment qui lui convenait sur la zone artisanale du Fay, à Neuvy-Saint-Sépulcre, et lançait la SARL Berry Services. Il débutait seul la prospection en octobre 1998, puis embauchait un commercial au mois de décembre. Au fil des mois, sept salariés ont rejoint le duo. Complétées épisodiquement par des intérims, mais un peu perdues dans une usine de 500 m², les petites mains effectuent des tâches très diverses. Elles mettent différents objets sous emballage plastique, posent des films sur des boîtes ou des documents, réunissent différentes pièces, collent des étiquettes. « Nous proposons une prestation complète, de l’assemblage au conditionnement », souligne le chef d’entreprise en montrant des rubans destinés à des marque-pages. Les ouvrières vont faire 25.000 nœuds pour un total de 130 heures de travail. Des salariées montent actuellement des centaines de milliers de convertisseurs d’euro, et d’autres réunissent des pièces de biberon. « Il s’agit essentiellement d’un travail manuel », précise Jean-Claude Benéteau, qui a pourtant prévu d’investir 500.000 Francs dans des petites machines destinées à la plastification de pièces aussi diverses que des cadres, des parfums, des revues, ou des conserves. La clientèle se compose de sociétés de la région qui ont besoin de conditionnement. « Le marché existe car beaucoup préfèrent se focaliser sur la fabrication de leurs produits » insiste le jeune industriel qui a utilisé neuf cents heures d’intérim en mars-avril. Il espère employer vingt-cinq personnes d’ici trois ans. Sans faire la chasse aux diplômes pour autant.
Jean-Michel Bonnin
